Au bout de 15 ans à se mettre passionnément dans la peau d’un personnage fictif de la série culte « Plus Belle la vie », Fabienne Carat alias Samia n’a pas été épargnée par la dure réalité de la vie.

Dans une entrevue rapportée par Sudinfo.be, on va faire la connaissance d’une actrice et artiste de 40 ans avec une personnalité tantôt imposante tantôt impuissante. Par ailleurs, elle va aussi raconter avec son franc-parler ses aventures et mésaventures, sa joie et sa colère qui accompagnent son vécu aussi bien de sa vie à l’intérieur qu’à l’extérieur du feuilleton.

«Fabienne, si on dit que vous avez une sacrée force de caractère, mais que vous êtes aussi trop gentille, que vous vous laissez faire, on est dans le bon ?

C’est un peu antinomique mais c’est ça. Parfois, je peux être virulente mais je pense que ce sont les gens très gentils qui, à un moment donné, se rebellent. On est déçu à la hauteur de notre investissement. C’est dû à une extrême sensibilité.

Avec les années, vous vous laissez moins faire ? Vous racontez un tournage, il y a quelques années, d’un prime de « Plus Belle la vie » où le réalisateur s’en prend à vous pendant plusieurs jours. Vous ne réagissez pas, comme dans votre adolescence où on vous prenait souvent pour cible…

J’ai explosé en sanglots et je ne me suis pas énervée. Je ne me suis pas rebellée. Je suis juste allée voir le directeur de production à la fin en lui disant que je ne voulais plus travailler avec cet homme. Même s’il réalisait un long-métrage dont je serais la star à Hollywood ! Si j’avais rencontré ce réalisateur à 20 ans, je n’aurais pas fait ce métier. Il m’aurait dégoûtée du métier, m’en aurait donné une fausse image.

Je m’en suis un petit peu voulue après coup d’en être encore là, des années après, de ne pas avoir réagi sur le moment, mais ce sont des piqûres de rappel qui me disent que je n’ai pas encore passé cette étape. Et maintenant, je pense que je dégage autre chose. Sur les tournages, il y a des réals qui peuvent être un peu durs avec les comédiens, mais pas avec moi. Je pense que je dégage plus d’assurance.

Un jour, Hubert Besson, qui a créé « Plus Belle la vie », vous dit que les scénaristes n’étaient plus inspirés par votre personnage de Samia. La peur qu’on fasse disparaître votre personnage est-elle là ?

Non. Et je ne l’avais pas au moment où il me le dit. C’était juste après « Danse avec les stars » et j’avais fait comme un cycle. Franchement, j’étais presque prête à voler de mes propres ailes, à partir. Le fait que je sois une grande anxieuse me protège, comme toutes ces années dans une série quotidienne protègent aussi. J’ai toujours eu extrêmement conscience de la chance que j’avais d’avoir du travail régulièrement. Mais j’ai toujours eu les deux pieds dedans et la tête dehors. Le métier, c’est aussi savoir accepter et supporter la précarité, ne pas savoir ce qu’on va faire demain.

Si je fais les choses, c’est par passion : je ne vais jamais aller à un casting pour manger. Je suis tellement entière que ce n’est pas possible. Ce métier, il ne faut vraiment pas le faire pour l’argent. Déjà, il arrive qu’on ne soit pas payé… Il faut réussir à construire sa vie à côté pour être libre de ça.

Dans « PBLV », le public est tout content de retrouver une sorte d’intrigue entre Samia et Boher. Il reste culte ce couple !
Du moins, il l’a été. Le jeu était bien entre Stéphane (Hénon) et moi. Après, le couple est séparé et il y a des deuils à faire, comme dans la vie.

Mais les fans de « PBLV » espèrent toujours de les voir former à nouveau un couple…

Quand la production les a séparés, ça a été très compliqué, même pour moi. Il y a des gens qui ont fait un amalgame, certains m’insultaient même ! Alors que je suis totalement impuissante face aux textes et face à ce qui se passait. C’est vrai que l’écriture a beaucoup terni l’image de Samia, donc la mienne un petit peu. La façon dont elle a quitté Boher n’a pas du tout été traitée sous l’angle où lui se rapprochait d’Ariane avec son passé qui ressurgissait et Samia qui se sentait exclue, délaissée, s’éloignait. C’était : Samia pète un plomb et va voir Djawad… »